Bonjour à toutes et à tous,
Maintenant que nous sommes bien installés et que nous avons fait un petit tour dans les proches environs de notre hôtel, nous sommes prêts pour notre première journée de découvertes.
Et le programme est chargé pour ce Samedi 27 Mars 2010.
Mais tout d'abord, savourons le lever du soleil.
Tiens, nous avons une curieuse qui nous roucoule son "bonjour" !
Et nous voilà, confortablement assis dans notre car.
Nous nous dirigeons vers le Plateau de Lassithi pour grimper et découvrir la Grotte Dikti.
Nous laissons le bord de mer derrière nous et, très vite nous prenons de l'altitude par une route à lacets. Où que l'on soit, la Mer Egée s'étend jusqu'à l'horizon. A trois cents kilomètres et à vol d'oiseau se trouve La Grèce.
Après le franchissement d'un petit col, nous arrivons sur un plateau limité par une chaîne couverte de neige. Il s'agit de la Montagne Dikti, dont le sommet culmine à 2148 mètres.
Et nous sommes maintenant parmi des champs d'oliviers aux pieds desquels poussent un genre de "moutarde" sauvage.
N'oublions pas, que l'olivier en Crète est l'arbre-roi.
Durant l'antiquité déjà, Sophocle le décrivait comme "arbre béni", "arbre immortel, invincible...". C'est pourquoi il reste aujourd'hui le symbole de la paix et l'emblème de la victoire. La mythologie grecque nous dit qu'il serait un don de la déesse Athéna et né en Crète, aux sources du Triton.
Aujourd'hui, on estime qu'il y a ici, 27 millions d'oliviers, soit 57 arbres par crétois ! Ils couvrent plus de la moitié des surfaces cultivées de l'île.
J'ai aussi noté, sur un petit bout de papier, que cela représentait environ plus d'un million d'hectolitres par an, soit 30% de la production grecque.
C'est pourquoi, l'olivier est une source de revenus non négligeable pour le crétois et reste un complément de salaire intéressant pour presque tout le monde.
Mais l'olivier demande beaucoup de travail : un labour de printemps, un autre d'automne, la cueillette de ses fruits qui s'étale de septembre à février, et un arrosage quotidien bien qu'il ne soit pas exigeant, sans compter sa taille. En général, il ne produit bien qu'une année sur deux. Et c'est le vent qui se charge de sa pollinisation.
Rappelons qu'il faut cinq kilos de fruits pour produire un litre d'huile. Mais on estime que sa rentabilité maximale n'est atteinte qu'au bout d'une trentaine d'années !
Certains oliviers centenaires sont encore capables de produire 300 kilos d'olives !
L'arbre se rencontre jusqu'à 600 mètres d'altitude.
Nous traversons quelques villages dont les maisons ont, pour la plupart ,des toits en terrasses.
Et pardon pour les quelques vilains reflets de vitre que je n'ai pu éviter !
Rares sont les toits rouges. Quelques uns se détachent cependant,. Regardez bien, ce sont, principalement, ceux d'une église !
Nous franchissons un dernier col et hop ! Nous découvrons alors, un immense plateau bariolé de champs colorés de différentes teintes brunes jaunes, vertes. C'est le Lassithi.
Nous sommes à 900 mètres d'altitude. Et le mont qui le borde, au fond, s'appelle Séléna (1599 mètres). Quelques névés s'y accrochent encore.
Depuis l'antiquité, le Plateau de Lassithi, a une vocation de refuge pour les différentes civilisations qui se sont succédées. Ainsi en 1100 avant J.C, lorsque les Doriens envahirent la Crète, les autochtones vinrent s'y abriter. Plus tard, lorsque les Vénitiens, puis les Turcs après eux, voulurent imposer leur domination, la résistance s'organisa ici.
Ce sont les vénitiens qui ont mis au point des éoliennes pour pomper l'eau du plateau, alors marécage, et ainsi arroser les champs. Ce système a donc au moins 650 ans !
Le plateau est habité toute l'année. On y cultive des céréales, des pommes de terre et des fruits.
De temps en temps, se dresse le squelette de fer d'un ancien moulin aux ailes malheureusement paralysées. Car les éoliennes sont depuis longtemps, hélas, remplacées par des pompes à moteur.
Celle-ci doit pouvoir encore fonctionner; ses ailes de tissu sont enroulées sur les axes.
Et voilà ce que cela devait donner lorsque tous les moulins étaient encore tous en action. C'est pourquoi on appelle le plateau de Lassithi : la vallée aux 10 000 moulins.
Notre car s'est arrêté.
Nous devons grimper à pied maintenant pour découvrir la Grotte Dikti.
Les champs cultivés forment un immense patchwork
Nous dominons bientôt le parking où est stationné notre véhicule ainsi que le petit village.
Au bord du chemin, le printemps est bien là. Un cyclamen sauvage d'un blanc éclatant, darde tous ses efforts pour tendre vers nous sa corolle.
Un peu plus loin, c'est une variété d'orchidée sauvage jaune qui nous souhaite la bienvenue.
Puis une autre, de couleur parme
Et encore une suivante, toute aussi délicate !
Puis soudain, nous nous trouvons devant l'entrée de la grotte.
Je me dois de vous parler de la légende qui s'y attache.
Pour cela, il va falloir revoir sa mythologie.
Rassurez-vous, je ferai court.....
C'est ici, dans ce gouffre profond, humide et noir que serait né Zeus.
Ce dernier a pour père Cronos et pour mère Rhéa.
Cronos est fils d'Ouranos et de Gaïa (le Ciel et la Terre) qui eurent de nombreux enfants : les Titans. Ouranos en était jaloux et les confinait dans les entrailles de la terre. Gaïa encouragea le plus courageux de ses fils, Cronos, à résister à son père. Cronos mutila une nuit son père à l'aide d'une faucille que sa mère lui avait offerte. Des gouttes de sang tombèrent à terre et apparurent ainsi les Furies et les Géants. Du sang qui coula dans la mer naquit Aphrodite.
Ouranos vaincu, abandonna la terre aux Titans.
Cronos et sa soeur Rhéa, dont il fit sa femme, devinrent les maîtres du monde. Mais Ouranos prévint son fils, que lui aussi serait un jour détrôné par le sien.
Cronos prit alors la décision d'avaler ses enfants dès que Rhéa accouchait.
Triste, celle-ci, après plusieurs accouchements, et les conseils avisés de Gaïa, prit la fuite pour se cacher et mettre tranquillement au monde son bébé afin de le voir grandir. Et c'est dans la grotte Dikti que naquit ce bébé, qu'elle garda caché le plus longtemps possible. Il fut nommé Zeus.
En contre partie, elle présenta à Cronos une pierre emmaillotée qu'il prit pour le nouveau-né et qu'il se dépêcha d'avaler.
Zeus fut nourri par la chèvre Amalthée et gardé par les Curètes (jeunes hommes à demi divins). Ceux-ci, pour que les cris de l'enfant ne soient pas entendus, agitaient leurs armes et dansaient bruyamment.
Ainsi Zeus eut la vie sauve et put, par la suite, détrôner son père, avec l'aide des Titans, après un combat qui dura dix ans. Les vaincus furent enfermés dans le Tartare, au fond des Enfers et Zeus put régner sur l'Olympe.
Afin d'atteindre le petit lac tout au fond, il nous faut descendre une centaine de marches.
Et vue ainsi, la grotte prend l'aspect d'un gouffre très humide dont les parois sont couvertes de mousse.
Et puis, soudain, comme par enchantement, la terre nous offre son meilleur travail : une myriade de stalactites (tombent) et de stalagmites (montent) que des spots lumineux éclairent.
A gauche, n'est ce pas Rhéa qui tient haut dans ses bras son nouveau-né ?
Une prochaine fois, je vous ferai visiter le Monastère Vidiani qui est aussi sur le Plateau de Lassithi....
En attendant, je vous offre cette orchidée, en cadeau du soir.
A toutes et à tous je souhaite une bonne soirée.
Avec toute mon amitié.
LOLO
Dicton du jour : "A la Saint Sylvain, rosée de mai, fait tout beau ou tout vilain".